Techniques d’art textile, d’art traditionnel autochtone avec médiums mixtes : peinture sur tissu, gutta cuivrée, broderie de piquants de porc-épic sur écorce de bouleau, perlage sur coton naturel, fil de coton à broderie, teinture avec technique de nœuds en appliqué et surpiqué, collage avec fourrure de castor. Encadrement d’un cadre ovale à l’ancienne avec vitre bombée.

Démarche de l’œuvre : L’œuvre exprime l’influence hybride de deux cultures, française et autochtone sur le personnage historique D’Iberville, issu du « Nouveau-Monde » dans lequel il a vécu. L’œuvre est intégrée dans un ancien cadre ovale comme pour se rappeler un souvenir de famille enfoui dans le grenier de la mémoire humaine. L’utilisation des techniques telles que la broderie de piquants de porc-épic sur écorce de bouleau, la broderie de motifs floraux perlés et au fil de coton ainsi que l’appliqué d’un morceau de tissu teint surpiqué à la manière des courtes-pointes de nos grands-mères, témoignent des arts domestiques féminins de l’époque de la Nouvelle-France autant du côté autochtone que canadien. Notamment, ce motif floral autochtone est aussi une expression de l’influence de l’art romantique européen. Il est devenu un amalgame de deux styles, tout comme D’Iberville l’a été pour s’adapter à son environnement. D’ailleurs un des motifs symboliques utilisés, brodés au piquants de porc-épic sur le canot d’écorce de bouleau est appelé « l’étoile des Lemoyne », sans doute pour se rappeler la roue de la navigation tant utilisée dans sa famille. Aussi, le motif de la boussole est un curieux mélange de deux symboles, à la fois inspirée de la roue médicinale autochtone que le Baron de Lahontan, un contemporain de l’époque de D’Iberville, avait ramené de ses voyages d’exploration vers l’ouest chez les Ojibwés, et de la boussole-soleil utilisée au temps de Champlain.

J’ai choisi de faire ressortir les éléments qui semblaient importants dans la vie d’Iberville en les mettant en lien avec les directions de la cosmovision autochtone : Terre (la carte géographique, territoires du nord – Baie James, de Terre-Neuve aux Forêts de l’Est jusqu’au Sud, en Louisiane, ville qu’il a fondée). Eau (Le canot d’écorce de bouleau - berceau de son enfance, pagayant à travers rivières et Grands Lacs et le bateau  Le pélican – naviguant en mer comme capitaine dans sa vie d’adulte).

Courte biographie du personnage d’Iberville : Durant sa jeunesse, D’Iberville a évolué parmi les coureurs de bois et les Autochtones qui fréquentaient le comptoir d’échange de traite des fourrures de castor à Lachine, donc les bâtiments aujourd’hui sont toujours existants. Son père, Charles Le Moyne connaissait plusieurs langues et coutumes des Autochtones et était respecté des peuples iroquoïens et algonquiens. Le canot d’écorce de bouleau a longtemps été le premier compagnon de voyage et d’aventures du jeune Iberville qu’il a utilisé jusqu’à sa première expédition en Baie James. Plus tard dans sa vie, il remportera de nombreux exploits comme navigateur et capitaine de bateau avec son équipage composée à la fois de canadiens, métis et Autochtones sur son célèbre voilier Le pélican, symbole de royauté. Le territoire vierge que parcouru D’Iberville qui sema la terreur auprès des colonies anglaises des côtes atlantiques, de Terre-Neuve jusqu’en Louisiane, permettra à une grande partie de l’Amérique de devenir une puissance française.

Note : Cette œuvre a fait partie d’une exposition collective intitulée : « Pierre Lemoyne D’Iberville, 1661-1997 » présentée du 6 juillet au 30 novembre 1998 durant une tournée de festivité à Terre-Neuve, Labrador, St-Pierre-Miquelon pour terminer au Centre d’Exposition Lanaudière, Charlemagne, Québec.